Interview avec la fondatrice de CMA Montélimard

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Interview avec la fondatrice de CMA Montélimard

Implantée à Tence depuis près de 40 ans, l’entreprise familiale CSM, spécialisée dans la chaudronnerie industrielle et la métallerie, est aujourd’hui dirigée par Laurent et Céline Chalendard. Cette dernière nous raconte son parcours, les défis de la reprise, et la manière dont elle allie savoir-faire artisanal et technologies de pointe.

Qu’est-ce qui vous a motivée à reprendre l’entreprise familiale ?

C’est d’abord une opportunité qui s’est présentée naturellement. Mon conjoint avait les compétences techniques et de gestion de production pour assurer la continuité de l’entreprise. Lors du départ en retraite de mon père, nous avons décidé de franchir le pas ensemble. Je connaissais déjà bien l’entreprise, ce qui a facilité la transition.

Quel a été votre parcours avant cette reprise ?

Rien ne me prédestinait à ce métier ! J’ai commencé dans la physique chimie spécialisée en analyse chimique après un diplôme de mesures physiques puis dans l’ennoblissement textile en tant que coloriste. Je suis donc plutôt une technicienne de laboratoire au départ, avec quelques notions techniques générales et une sensibilité à la qualité, propre au milieu industriel. Mais tout ce qui concernait la gestion d’entreprise, les RH ou la comptabilité était complètement nouveau pour moi.

Comment vous êtes-vous formée à votre nouveau rôle ?

J’ai suivi une formation intensive d’un mois et demi avec la CCI, axée sur la création et la reprise d’entreprise. Ensuite, l’apprentissage s’est fait sur le tas, en immersion totale pendant trois à quatre mois. On a été bien accompagnés, notamment par mon père et par notre expert-comptable pour tout ce qui concerne la gestion administrative, commerciale et financière. Mais cela a demandé énormément d’énergie et d’investissement personnel.

Comment s’est passée la prise en main au sein de l’équipe et avec les clients ?

Il a fallu faire ses preuves, clairement. Je n’étais pas habituée à être en contact direct avec les clients ou les salariés. J’étais attendue au tournant, donc je me suis efforcée d’écouter, d’observer, et surtout de m’adapter. Aujourd’hui, ce sont justement ces échanges humains qui me plaisent le plus : les relations avec les fournisseurs, les clients, les salariés. C’est très gratifiant, encore plus quand tout se passe bien.

Quels aspects vous semblent les plus passionnants dans ce métier ?

Il n’y a jamais de routine ! C’est un métier qui évolue sans cesse, avec des imprévus, des décisions à ajuster en permanence. On doit toujours se remettre en question, anticiper, sécuriser, réorganiser. La réglementation change, les attentes aussi. Mais c’est ce qui rend le quotidien stimulant.

Avez-vous des projets de développement pour l’avenir ?

À court terme, rien de majeur. Mais on développe davantage la partie dédiée aux particuliers : escaliers, garde-corps, pergolas… C’est un tout autre rapport au client, avec des exigences souvent implicites. Il faut comprendre leurs besoins, s’adapter, être plus souple. Ce contact direct est très enrichissant.

Vous parliez de modernisation, comment cela se traduit-il chez CSM ?

C’est un vrai sujet. La chaudronnerie reste un métier manuel, mais on y intègre de plus en plus de technologies. L’enclume est toujours là, mais elle cohabite avec des équipements numériques. Il faut transposer des techniques modernes à un savoir-faire ancien. C’est un défi que l’on relève progressivement, en formant nos techniciens – en pliage, soudure, etc. Certains deviennent eux-mêmes formateurs, ce qui fait évoluer naturellement l’équipe.

Comment conciliez-vous vie personnelle et responsabilités professionnelles ?

C’est essentiel d’instaurer un cadre clair. Mon mari et moi avons des responsabilités distinctes dans l’entreprise, et même s’il nous arrive de ne pas nous croiser de la journée, toutes les décisions importantes sont prises ensemble. La confiance réciproque est un atout majeur dans la gestion au quotidien. Par contre, il faut savoir poser des limites à la vie professionnelle, notamment une fois la journée terminée il faut laisser la place à la vie personnelle tout aussi enrichissante, sinon tout se mélange.

Et la perception extérieure ? Ressentez-vous encore des a priori ?

En interne, tout se passe bien. Mais à l’extérieur, on entend encore parfois : « j’ai vu la secrétaire ». Cela en dit long sur certaines perceptions, mais ce n’est pas un frein. Au contraire, ça me pousse à montrer que les choses évoluent.

Un dernier mot sur ce qui vous attire toujours dans ce métier ?

Ce que j’aime, c’est que chaque souci peut avoir son bon côté. Les relations avec les clients, la simplicité dans les échanges… c’est ce qui rend ce métier profondément humain.